La nature du chien n'est pas d'obéir.
Un enfant déviant, désobéissant à ses parents, méritait un châtiment corporel afin de « recentrer » son équilibre intellectuel et de filer droit.
Il fallait laisser pleurer l'enfant lorsqu'il entrait en crise de larmes, il fallait le sanctionner lorsqu'il commettait un « caprice »...
Aujourd'hui, les mentalités ont bien évolué, des adultes éclairés commencent à se dire que l'enfant entrant dans une crise irrésistible de larmes et de cris, ne le fait peut-être pas exprès.
Peut-être est-il simplement incapable de gérer une émotion qui le bouleverse et peut-être a-t-il plutôt besoin d'un adulte bienveillant.
Un enfant un échec scolaire n'est peut-être pas le plus gros des « débiles », incapable d'apprendre. Un raté. Mais plutôt que la méthodologie appliquée ne lui correspond pas ou qu'il a besoin de maturité supplémentaire pour que certaines notions soient comprises.
Un enfant désobéissant n'est peut-être pas un enfant malveillant, mal éduqué, cherchant à commettre des crimes sous le regard courroucé des adultes, mais peut-être un esprit vif qui a besoin de faire pour apprendre. Peut-être a-t-il besoin d'explications plutôt que de correction.
Au regard du temps qu'il nous faut pour évoluer sur nos propres enfants, je me questionne :
Combien de temps l'humanité à besoin encore pour changer de points de vue sur nos animaux de compagnie ?
Le chien n'est pas de nature à obéir. Il n'est pas né pour être soumis.
Il est né pour exister, il est né pour coexister et apporter ses qualités dans un éco-système prédominé par l'homme.
Tout comme l'enfant a une capacité exceptionnelle d'apprentissage et d'adaptation, le chien est capable de décoder notre communication et de pouvoir apprendre nos us et coutumes afin de remplir ses fonctions. Encore faut-il que son humain soit capable d'être raisonné et raisonnable !
Le chiot que vous avez décidé d'adopter a une personnalité, des capacités intellectuelles et physiques qui lui sont propres.
Lorsque votre chien vous « désobéit » à de nombreuses reprises, il n'est pas dysfonctionnant.
Il est peut-être incapable d'obéir, car ses émotions le dépassent, ou bien, il ne comprend pas l'intérêt de l'ordre par rapport à la situation.
Il n'y a pas de chiens ratés.
Il y a des chiens compris ou incompris par leurs humains.
Des chiens qui sont « au bon endroit, au bon moment, avec la bonne personne » et des chiens qui sont incompatibles avec la réactivité et l'environnement de leurs humains.
Lorsque vous rencontrez une difficulté de communication, c'est là qu'il est nécessaire de faire appel à un comportementaliste.
Ce dernier est censé faire la médiation entre l'humain et son chien. Cerner la difficulté de communication et apporter une solution positive entre les deux parties. Il ne peut pas le faire à distance, il ne peut pas faire à la place de l'humain. J'insiste, c'est un rôle de médiation, de résolution de conflits. Il observe, écoute, communique et donne des pistes de réflexion.
Et si cette ultime démarche ne fonctionne pas, alors votre chien n'est toujours pas une erreur de la nature, un être né à vous déplaire et à vous créer des soucis. Il n'est pas votre ennemi. Il n'est juste pas fait pour vous.
Parce que tous les humains ne sont pas faits pour s'entendre, tous les chiens ne sont pas nés pour vous plaire ! Il n'est pas un vase que vous avez acheté et qui doit rester exposer chez vous, en silence, sans faire de casse, et sans vous compter un rond d'entretien.
C'est un être vivant qui a des objectifs de vie, des attentes, une personnalité, une foule de choses à découvrir et qui attend de vous que vous l'aidiez à s'épanouir.
Il y a un consensus éclairé d'humains qui nous a dit de ne pas faire d'anthropomorphisme :
Définition : « Tendance à donner à des objets (comme des ordinateurs) ou à des animaux des caractéristiques propres à l'espèce humaine. » - dictionnaire Oxford Languages
Bah oui. J'assume. Je fais de l'anthropomorphisme. Mon chien n'est pas une chaise !
Mon chien est capable comme moi : de grandir, d'apprendre, de se tromper, d'avoir mal, d'être heureux,...
Il a une individualité propre, des sentiments, des goûts, des intérêts.
Il est capable de négocier, d'entendre l'interdit. Il a un libre-arbitre, et des choses à vivre.
Mes chiens ressemblent à mes enfants... Bien plus qu'à ma friteuse.
Mes chiens ne sont pas mes esclaves. Je ne les ai pas éduqués à obéir au doigt et à l’œil.
Je les accompagne dans leurs vies et ils accompagnent la mienne.
Ce sont mes filles et mon garçon que la Vie m'a confié et qui comptent sur moi pour appréhender ce monde avec tous les outils nécessaires à leurs compréhensions.
Ce sont mes filles et mes garçons, que j'ai essayé d'écouter, de comprendre et que j'ai accompagné, fût quelques mois, vers une vie meilleure, avec des familles choisies et adaptés à leurs besoins.
Ils ne sont pas des objets que j'expose et qui doivent accepter mon train de vie, quoiqu'il en coûte !
Ils ne sont pas parfaits, dociles.
Ils sont eux.
Je suis usée de vivre dans un monde où il faut faire une différence entre les sortes de vie et les hiérarchiser pour ne pas vexer mes semblables et justifier leurs actions sans raisonnement.
Et si je dois parfois déplaire à mon espèce pour leur permettre d'Exister, avec un grand E, je le fais, sans hésiter et je me moque pas mal de ce qu'elle -mon espèce- pensera de moi, l'éducatrice, la comportementaliste.
Parce que si, avec mes compétences, j'avais attendu que mes congénères soient prêts pour évoluer sur mes pratiques alors je serai complice de ce regard encore trop archaïque sur le chien et je conforterai ces pratiques honteuses que subit encore trop de nos animaux.
Certains me penseront illuminée, d'autre complètement tarée. J'espère simplement avant-gardiste.
L'avenir nous le dira !
Leader ou Tyran ?
Leader ou Tyran ?
Je vois bien trop de choses dans ma vie de bénévole en éducation canine pour ne pas rédiger un texte sur ce point essentiel.
Pour démarrer n'importe quelle éducation sur n'importe quel chien, il faut d'abord comprendre comment il fonctionne.
Le chien est un être sensoriel. Retenez bien ça.
Il naît sourd et aveugle. C'est donc à travers le toucher et l'odorat qu'il va développer le contact avec sa mère et sa fratrie.
Le chien n'est pas forcément dans l'émotion, comme on pourrait le penser.
Il ne ressentira pas spécialement votre peur, par exemple... Mais il la verra, à travers votre langage non-verbal et l'organe de la vue, Ou bien du toucher par votre main et de la laisse que vous crispez.
Le chien est un être sensoriel. Retenez bien ça.
Pour démarrer l'éducation, maintenant que vous savez, il va falloir travailler ses sens, en lui permettant de les stimuler.
Laissez-le renifler, goûter, aboyer, toucher de tout. Devenez un leader à travers le libre arbitre que vous offrez à votre chien, sans contrainte.
J'entends trop souvent des personnes vouloir imposer des choses à son chien pour devenir un Leader.
« Je dois lui montrer que c'est moi qui décide. Il ne m'écoute pas alors qu'il doit obéir »
Lorsque l'on impose ses idées à autrui, lorsqu'on ne laisse pas de libre arbitre ou de liberté d'expression, on appelle pas ça un leader mais un tyran.
Êtes-vous un tyran ?
Avez-vous envie de suivre un tyran ?
Si vous n'avez pas d'échappatoire, vous suivrez.
Si vous pratiquez du coercitif, votre chien suivra. Aura-t-il le choix ?
Si vous pratiquez du coercitif, suffisamment longtemps et surtout depuis suffisamment jeune, alors votre chien vous aimera, comme une victime détruite aime son agresseur manipulateur.
Voulez-vous être ce tyran ?
Le chien est un être sensoriel. Retenez bien ça.
Entre sa tendre enfance et jusqu'au 4 mois, il va remplir sa « bibliothèque » intellectuelle d'informations sensoriels.
Le pieds de table → ça fait du bien au dents
Le jouet → ça m'occupe
Le feu → ça brûle
Les cailloux → on dirait des croquettes mais en moins bon
Maman grogne → ça fait peur
Il n'existe pas de mauvaises expériences. Ils existent toutes sortes d'expériences que le leader m'a permis de vivre.
Si c'est agréable → C'est grâce au leader
Si c'est désagréable → Je peux revenir au leader
Le Leader n'est pas responsable des découvertes fortuites.
Si le feu brûle, ce n'est pas à cause du Leader. C'est la faute du feu. Mais si je reste près du Leader, c'est confortable, je n'ai pas mal, je ne me brûle pas. Alors je reste à côté du leader.
Si le feu brûle, ce n'est pas à cause du Tyran. C'est la faute du feu. Mais si je reste près du Tyran, c'est inconfortable, j'aurai mal, j'évalue si le feu est plus douloureux que le tyran. C'est le cas. Je reste à côté du Tyran.
Êtes-vous un Leader ou un Tyran ?
Être un Leader c'est se faire comprendre efficacement grâce à une relation de confiance et d'intérêts mutuels. C'est permettre un libre arbitre. C'est permettre à son chien de choisir d'obéir. De le faire parce que vous êtes un être inspirant, que vous lui avez permis de s'épanouir, parce qu'il a envie de vous dire MERCI.
Être un Leader ça ne veut pas forcément dire de ne pas imposer des limites, de dire « oui » à tout. C'est permettre un libre arbitre dans un cadre ferme, qu'il faudra instaurer. C'est faire entendre que c'est beaucoup « oui » mais parfois « non ». Que ce « non » est indispensable pour offrir beaucoup de « oui ».
Être un Leader c'est aussi parfois faire une entorse à certains « non » parce que même avec son chien, il faut faire des compromis.
Est-ce faiblir que de trouver des compromis ?
Les chiens ont eux aussi un caractère, eux aussi des volontés et des attentes.
En choisissant ce chien, vous aviez des objectifs. C'est bien. Qu'en est-il de ses objectifs à lui ?
Parce qu'un chien n'est pas un outil, il n'est pas une chose esthétique ou pratique que l'on rajoute au foyer pour les besoins des humains.
C'est un être sensoriel avec des attentes dans sa vie de canidé.
Un Leader est un guide.
Vous deviendrez ce guide. Vous pouvez devenir celui qui réalise ces attentes. Qui lui permet d'atteindre ses objectifs et de se réaliser.
C'est ça un Leader.
Voulez-vous être un Leader ?