Devenir un Grand chouchou
Devenir un Grand chouchou
Lorsque votre chouchou est un petit bébé et ce, jusqu'à 6 mois, en moyenne, son intellect est un verre d'eau vide, que vous remplissez de connaissances, au fur et à mesure de ses apprentissages.
Vous avez le devoir de lui montrer différents lieux et êtres vivants (ville, marché, brocante, forêts, enfants, personnes en situation de mobilité réduite, congénères chiots, adultes stables, vieux chiens aigris,...). En parallèle, vous allez lui apprendre les règles de vie de votre maison. (Ses droits et ses devoirs : propreté, mordillements, rappel...)
Vous remplissez petit à petit sa bibliothèque intellectuelle comme si vous versiez un liquide de savoir dans son verre psychique. Et ce, un petit peu, tous les jours. Ni plus, ni moins. (image 1)
Ces découvertes provoquent quelques remous dans son esprit. En conséquence, le chiot, au cours de la journée, en particulier le soir, aura des périodes de « décharge » où il va entrer dans une sorte d'euphorie.
Il va courir dans toute la maison, chercher à attraper sa queue, appeler au jeu n'importe qui/quoi, mordiller ou se mordiller, renverser des choses, se cogner...
Plus vous avez rempli le verre dans la journée et plus la décharge sera importante. A noter également, que la puissance de la décharge est aussi influencée par la sensibilité du chouchou.
Si ces phases sont bien trop répétées et intenses, c'est que vous en avez trop fait. La bonne solution est donc... De ne rien faire sur le moment ! ON NE RÉPOND PAS À L'EUPHORIE DU CHIOT.
On ne le sort pas se balader dans cette phase, on ne joue pas avec, on ne cherche pas à travailler l'éducation. On ne fait rien ! Votre chiot ne réclame PAS votre attention, il DÉCHARGE son intellect bien trop stimulé... Vous risquez de remplir un verre qui est déjà bien trop plein ! Ce qui provoquera une instabilité comportementale de ses émotions DÉFINITIVE. Il doit apprendre SEUL à gérer ses émotions. Ignorez-le, et fixez vos limites.
Par ailleurs, faites des pauses dans ses apprentissages, afin de lui permettre d'avoir des décharges moins intenses et donc plus facilement maîtrisables.
À l'adolescence, entre 6 et 10 mois, voire même 15 mois chez certains sujets mâles mastiffs, votre chouchou développe des hormones sexuelles qui vont totalement le bouleverser. Son « verre psyché », que vous avez rempli, va entrer en ébullition. (image 2)
À chaque vaguelette hormonale, le verre est bousculé et ses acquis mis à mal. Il va ignorer vos consignes, perdre de la propreté, mordiller ou se mordiller, avoir des réactions inattendues, voler des choses... Il ne vous défie pas, il ne vous désobéit pas, il ne cherche pas à prendre votre place. Il cherche SA place. Il cherche à gérer ce tsunami, et vous ne pouvez pas le faire pour lui.
Pour vous, il ne s'agit pas de rien faire, mais plutôt d'être un soutien pour votre chouchou en :
Ignorant ces nouveaux mauvais comportements aigus. Rappelez-vous qu'il sait, simplement, il ne peut pas utiliser ce savoir, car il y a trop d'agitation dans ses ressources intellectuelles.
Rappelez-lui ce qu'il sait, en recommençant l'apprentissage en étant clair et bienveillant.
L'adolescence est une étape transitoire indispensable pour la stabilité intellectuelle de votre chouchou adulte.
Si vous remplissez le verre en période de tempête psychique, vous lui ajoutez une charge supplémentaire. Il faut apprendre à reconnaître les signes d'instabilité émotionnelle de votre chouchou, connaître ses limites, savoir quand c'est le moment d'agrandir son savoir et quand il faut le laisser tranquille.
Lui montrer « qui est le maître », lui « mettre le nez dedans », « lui montrer votre colère en verbalisant ou en sanctionnant physiquement », vous fera sans doute du bien, mais engendrera un tsunami psychique supplémentaire où vous lui prouverez que non-content qu'il n'arrive pas à gérer ses propres émotions, il devra en plus, apprendre à gérer les vôtres ! Ce qui provoquera une instabilité comportementale de ses émotions DÉFINITIVE.
En conclusion, si vous répondez à l'euphorie du chiot ou si vous manquez de clarté et/ou de gestions de vos émotions pendant l'adolescence, vous risquez d'avoir un chien adulte avec des phases d'instabilité aiguës incontrôlables et imprévisibles, qui nécessiteront une rééducation canine. (image 3)
Soyez donc vigilant sur votre propre attitude.
Rappelez-vous, que le mastiff obtiendra sa maturité intellectuelle vers 3 ans ; qu'il est donc préférable que celle-ci soit stable car, nous souhaitons tous, une grande « force tranquille » comme poilu au sein de notre foyer. (image 4)
Les 3 méthodes éducatives expliquées
Vous vous sentez perdu dans ce langage éducatif que certaines professionnels abusent pour vous faire croire que vous avez besoin d'eux ?
Ce dossier est là pour vous expliquer les 3 méthodologies éducatives existantes, que vous entendrez de ci, de là afin que vous soyez parfaitement éclairé :
La méthode positive consiste à guider le chien vers la bonne solution (ce que l'on souhaite) en utilisant une récompense primaire ou/puis secondaire. C'est la méthode que vous entendrez le plus souvent et qui est courament utilisée.
Récompense primaire : la récompense alimentaire
Récompense secondaire : le jeu, la caresse, la voix (sauf cas particulier, on remplace progréssivement la récompense primaire en récompense secondaire dans la phase I=intermittent expliquée ci-contre)
Par exemple, on souhaite apprendre le assis au chien : on prend une récompense dans la main et on guide le chien en faisant en sorte quand suivant la récompense il s'assoit. Une fois qu'il a réussi le positionnement, on libère la récompense.
Dans la phase de guidage, on évite de parler et d'utiliser des mots. Lorsque le chien commence à bien comprendre l'exercice, on commence à y mettre le mot souhaité ("assis" dans notre exemple), puis une fois que l'on obtient le positionnement grâce au mot alors on peut considérer que l'apprentissage est acquis.
C'est une méthode aux résultats rapides et qui fonctionne sur un grand nombre de tempérament.
Cependant, lorsque l'on utilise cette méthodologie, il faut être particulièrement assidu.
En effet, les récompenses doivent être libérées à la manière "CIA"
C = continue
I = intermittent
A = Aléatoire
De manière C=continue : une récompense primaire systématique tant que le chien est dans l'apprentissage
De manière I=intermittent : une récompense primaire 1 fois sur 2 pour consolider les acquis
(C'est dans cette phase que l'on alterne entre récompense primaire et secondaire pour retirer progressivement la nourriture)
De manière A= Aléatoire : Primaire ou secondaire de manière aléatoire pour maintenir les acquis dans le temps
Attention : On perd drastiquement en efficacité voir même perdre l'intérêt du chien et en faire une personnalité têtue à l'éducation en étant pas assez assidu dans la libération de la récompense lorsque l'on utilise la méthode positive. donc on respecte bien le C=continue dans le CIA tant que cela n'est pas acquis !
Pour les chiens qui ne sont pas en demande de stimulation et/ou peu gourmands ou au contraire en hyper-stimulations sensorielles, c'est une méthode peu efficace.
On tentera, dans un premier temps, de sauter l'étape récompense primaire en passant directement à la récompense secondaire la plus motivante pour le chien, si cela n'est toujours pas pertinent, on changera de méthode.
La méthode passive consiste à observer son chien et à récompenser via une récompense primaire puis/ou secondaire lorsque le chien fait, de lui-même, sans guidage de la part de l'humain, l'action souhaitée.
En prenant l'exemple de l'apprentissage du assis : le chien s'assoit devant vous, de lui-même, sans aucune demande de votre part. Vous libérez instantanément la récompense. A mesure que le chien réfléchit et agit en donnant la bonne solution, on y met le mot (dans notre exemple "assis") et on libère la récompense. Au final, lorsqu'on dira assis le chien fera l'action.
C'est une méthode qui dure dans le temps car elle fait réfléchir le chien et ancre les actions dans les moments souhaités.
Le chien a le sentiment qu'il décide, il ne se sent pas contraint, il fait seulement s'il en a envie, on n'utilise pas la capacité de concentration quotidienne de son chiot car pour lui, c'est de la récréation.
Attention : tous les chiens n'ont pas la capacité de concentration ainsi que l'envie d'éducation pour que cette méthode soit pertinente. Aussi, il faut du temps : du temps avec son chien pour l'observer et de la patience avant d'obtenir le résultat souhaité.
La méthode coercitive consiste à mettre son chien dans l'inconfort lorsqu'il ne fait pas l'action souhaité.
En effet, le chien est un être d'instinct, binaire : Confort ou Inconfort
En partant de ce principe, si on montre au chien qu'une position est confortable et qu'une autre ne l'est pas alors il se placera dans la position confortable de lui-même.
Toujours en utilisant l'exemple de l'apprentissage du assis : Le chien est débout, on utilise une laisse lasso, on sert le collier pour mettre dans l'inconfort le chien. il va chercher une position qui le libérera de l'inconfort et tenter, dans ces possibilités, de s'asseoir. Lorsqu'il le fait, on libère immédiatement l'emprise du collier afin qu'il trouve du confort. On y mettra progressivement le mot "assis".
Attention : cette méthode ne permettra pas - jamais - une relation horizontale entre le chien et l'humain.
C'est une relation verticale où l'humain est le surbodonnant et le chien son subordonné.
C'est une méthode qui nécessite une formation et qui n'est pas à mettre en place sans le savoir-faire au risque d'être maltraitant.
Personnellement, je n'utilise cette méthode qu'en dose homéopathique et sur un type de chien : ceux qui mettent en place de manière direct, entre l'humain et le chien, une relation verticale. Et oui ! Cela arrive que cela soit le chien qui impose cette relation !
En particulier dans les chiens de berger et/ou primitives, en lignée de travail. La sélection de surbodination est tellement ancrée qu'il est inenvisageable pour ces chiens d'avoir une relation horizontale avec son humain. Si celui-ci ne réagit pas vite alors la relation verticale sera en faveur du chien qui deviendra le surbodonnant et son humain, son subordonné.
Conclusion
J'espère que vous l'avez compris, il n'existe pas une méthode meilleure qu'une autre ou bien "miracle". Elles ont toutes leurs avantages et leurs inconvénients et nécessitent d'être toutes utilisées de façon rigoureuses.
On préfèrera la méthode positive car la plus rapide et peut convenir à la plupart des chiens. La méthode passive reste la plus pertinente dans le temps mais est longue avant d'obtenir des résultats et nécessite une présence humaine +++, la méthode coercitive n'est, en général, pas souhaiter ni souhaitable pour des relations de chiens de compagnie mais peut être utilisé sur des cas très spécifiques de chiens de travail.